Les renardeaux des hauts de France.

 

Des amis les avaient vus il y a quelques semaines. Ils étaient encore petits et ne sortaient pas des buissons.
Il valait mieux les laisser tranquilles.
Un repérage quelques semaines plus tard a confirmé leur présence.

Nous avons décidé de nous y rendre avec notre affût roulant.
Pas très loin du coin où ils avaient été repérés la dernière fois, nous avons stoppé le moteur, sur un petit promontoire.

Les lapins sont de sortie, du lapinou au vieux briscard avec son oreille entaillée.
Ils gambadent à quelques mètres sans se soucier de moi, de bons augures pour notre projet.

 Avec les jumelles, j’ai balayé le terrain pendant plusieurs heures

. Enfin, la renarde s’approche, elle arrive la gueule pleine, sûrement vers le terrier.

.Elle court apporter quelques oiseaux à ses petits, sans se soucier nullement des lapins présents dans le pré.
Si elle rapporte à manger, c’est qu’ils sont encore dans le coin et qu’il reste des petits… Une bonne nouvelle.

Elle repart en chasse quelques minutes plus tard, longe les piquets de bois et traverse vers la prairie.
On se rapproche de l’endroit où elle est rentrée dans les buissons.

C’était une grande étendue d’arbustes épineux, plus de 100 m de long, impossible de voir le terrier ni de savoir où ils sont.

Elle les a bien cachés.

Je décide contourner la masse impénétrable, il y a un chemin d’accès de l’autre côté.
On arrête notre véhicule à une vingtaine de mètres, au bord de la grande prairie.

Nouvelle attente

Les fenêtres sont ouvertes et occultées par nos filets de camouflage.

Le soleil descend vers l’horizon et la plaine commence à se cuivrer
.
Après quelques heures d’attente, un petit museau sort des buissons.
Les petites boules duveteuses du début sont maintenant de vrais petits renards.

Invisible derrière mon filet, je tente un premier déclenchement, le bruit ne semble pas les gêner.

Ils sont trois à sortir, insouciants, ils ne prêtent pas d’attention au véhicule.

Les voilà qui commencent à nous faire le spectacle.
Ils jouent,
des cabrioles,
des poursuites,
des simulacres d’attaques,.

le nez au sol à la recherche d’une éventuelle piste.

 

le nez au sol à la recherche d’une éventuelle piste.

Ils apprennent, en jouant, leur vie d’adulte. 

Après de longues minutes de plaisir, les petits goupils rentrent se reposer à l’abri des épineux.

C’est fini, j’espère pour l’instant seulement.

On en profite pour approcher notre véhicule de leur aire de jeux, mais aussi se cacher dans un creux du terrain, nous sommes moins visibles.
Les épineux sont à une quinzaine de mètres.
Nouvelle attente.
Une petite sieste pour l’un pendant que l’autre surveille.
Un repas rapide, les yeux toujours rivés sur le bosquet. Attendre toujours, scruter encore, l’après-midi passe.

Un joggeur court le long de leur domaine, les ombres tournent, la journée s’étire.

Ce n’est que le soir venu qu’ils  reviennent.

Un premier arrive par la droite,
suivi d’un second,
le troisième lascar surgit, courant après les deux autres.
Une folle poursuite commence.
Ils escaladent les buissons, rampent sous leurs branches, s’attrapent, se coursent et recommencent.

 bruit du déclenchement ne semble pas l’inquiéter. Il me permet ainsi de lui tirer quelques portraits

Tout à coup c’est la débandade. Ils disparaissent tous sous les branches 

Un couple se promène dans les dunes, contourne notre véhicule, longe le buisson d’épineux et s’éloigne derrière la butte.

Nouvelle attente.

Du mouvement sous le buisson, un renardeau le traverse de gauche à droite. Dans la gueule un oiseau, il est suivi par 2 de ses frères bien décidés à lui dérober cette proie, sûrement apportée par leur mère. S’en suit une phase de cache-cache que j’essaye de suivre à travers les branches, mais leurs poursuites les entraînent hors de ma vue.

Ils ne reviendront pas le soir.
Le lendemain, c’est dimanche, les promeneurs et les véhicules sont plus nombreux sur le site.
Nous décidons de partir, afin de ne pas risquer par notre présence prolongée qu’ils soient repérés.

 

Il m’en reste un souvenir très fort, d’avoir pu les regarder sans les perturber durant ces 3 jours. Comme un explorateur parti à l’autre bout de la planète je me sens très privilégiée et comblée de les avoir côtoyés et pourtant ils vivent ici si proches de nous.
Ce sont des animaux libres et sauvages. Déclarés dans notre pays comme nuisibles et pourchassés jours et nuit, je ne donnerai donc aucune indication exacte du lieu afin de préserver leur refuge et leur survie.

Mai 2018

4 Comments

  1. Philippe Bolle

    Bien sympathique Karin, et bien plus que cela, je dirais intéressant.
    Merci pour ce moment
    Philippe

    Reply
    • Karin

      Merci Philippe pour ta visite, ravie que cela te plaise.

      Reply

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