L’aube déchire la nuit, les lumières bleues se réchauffent, les couleurs apparaissent. La forêt s’éveille.
Face à moi un chemin forestier monte légèrement.
Les premiers bruits se font entendre, ici une mésange, là un merle qui siffle posé sur une branche de houx. De timides rayons traversent les branches dénudées.
Soudain, une chevrette sortant des fourrés, traverse prudemment le chemin, bientôt suivi par son jeune. Ils disparaissent rapidement dans la forêt.
Dans le lointain, les coups de feu de chasseurs se font entendre, ici ils sont en sécurité.
Le soleil est plus haut dans le ciel, je baisse un peu mes ISO, la lumière est meilleure.
Deux femelles remontent le chemin tranquillement.
Elles longent la bordure du chemin, traversant de gauche à droite à la recherche de quelques pousses.
Stoppent de temps en temps leur montée, elles relèvent la tête, immobile humant et écoutant la forêt, puis imperturbables recommencent à brouter.
Elles s’approchent à quelques mètres de mon affût.
Curieuses et intriguées, elles passent feignant l’indifférence puis tournent autour de ce drôle de buisson, dôme aux feuilles peintes.
Elles font mine de partir se cachant derrière les arbres,
mais reviennent encore.
S’interrogent sur cette broussaille, intruse, au cœur de leur domaine.
Les ombres et les lumières dessinent la forêt et ses hôtes en 3D.
Une des chevrettes approche de quelques pas et aboie dans ma direction.
Je respire à peine et oublie le déclencheur filaire dans ma main.
Elle avance encore, aboie de nouveau, scrutant dans ma direction.
Elle est si proche que je peux lui tirer le portrait.
Pendant quelques minutes elle est a 5 ou 6 m.
je vois son œil noir et son museau luire dans la lumière.
Elle tourne ses oreilles, aboie encore une fois et s’en va rejoindre sa compagne qui est partie sous la futaie.
Qui est la plus étonnée de cette rencontre ? Surement moi.
La matinée s’étire lentement, heureusement j’ai prévu un casse-croute, et du thé chaud dans mon thermos.
Un peu plus tard dans la matinée, la mère et son jeune reviennent. Ils portent leurs poils d’hiver gris-brun apparus lors de la mue d’automne.
Le chevrillard, jeune de l’année à déjà ses 2 bosses sur la tête, prémices de ses futurs bois. Ils remontent le chemin dans ma direction.
Tandis que la mère traine un peu, le jeune avance tête basse, il longe un buisson de houx.
Je suis toujours à bon vent, il ne m’a pas vue, mais la tente l’interpelle.
Il s’approche, s’arrête étonné, tourne la tête vers l’affût, relève le museau. Je n’ose plus bouger.
Il baisse la tête comme pour mieux voir,
puis la relève une nouvelle fois,
s’enhardit et avance encore.
Il est maintenant face à moi à quelques mètres, remue ses oreilles pour détecter un bruit, je retiens ma respiration.
Il fait encore un pas s’immobilise.
Il tourne la tête, sa mère a quitté le chemin.
Un dernier regard vers moi et il trottine vers la lisière.
Je reprends ma respiration, par deux fois les chevreuils de jérusalem se sont approchés sans crainte de moi, quelle émotion.
En photographie animalière, nous sommes, parfois, témoins privilégiés de telles rencontres, éphémères et magiques.
Moments fantastiques où le plaisir simple du regard passe avant celui de l’image.
Décembre 2016
Bonjour Karine
Moi qui suis d’une famille de chasseurs j’ ai pu admirer des scènes magnifiques .Les chasseurs sont souvent des amoureux de la nature et ne « tirent » pas à tous les coups comme certains le croient .
Ces belles photos de petites biches sont magnifiques .Que de patience il vous aura fallu .
Bravo et merci .Je me régale.
Votre « ours « de Varennes va très bien chez moi
Grand merci pour votre retour. C’est vrai que la patience est la première vertue du photographe animalier.
Bien contente qu’il aie trouvé sa place chez vous.